Souligner une décennie de vie avec la sclérose en plaques par une course en sentier
« Mon nom est Andrea et cette année, ça fait 10 ans que je vis avec la sclérose en plaques. J’ai aussi enfin décidé de sortir de ma zone de confort. Pour souligner ces deux choses, je me suis inscrite à une course en sentier de 5 km à l’occasion de l’Ultra-Trail Harricana du Canada™ (UTHC), qui a eu lieu en septembre, et j’ai effectué une collecte de fonds au profit de SP Canada dans le cadre de cet événement.
« En 2014, j’ai ressenti mes deux premiers gros symptômes, ce qui m’a permis d’obtenir rapidement un diagnostic de sclérose en plaques. Cela a commencé par un problème de vision dans mon œil droit, lequel a été suivi d’une perte de sensations dans la partie inférieure de mon corps, du côté droit. Cette perte de sensations est survenue soudainement lors d’une course de 5 km à laquelle je participais, ce qui fait que je suis tombée, puisque ma jambe ne pouvait plus me soutenir. C’était comme essayer de faire tenir un spaghetti cuit droit, verticalement. À ce moment-là, je ne savais pas ce qui m’arrivait et je ne comprenais rien. Cet incident m’a causé un blocage mental, et j’ai cessé de vouloir courir à l’extérieur. La peur que cela se reproduise planait continuellement dans mes pensées. Je ne courais même pas pour attraper l’autobus. Je savais que c’était un peu irrationnel, car je continuais à marcher dehors et même à marcher rapidement, mais l’idée de courir à l’extérieur m’effrayait.
« Il y a quelques années, j’ai découvert que certaines personnes atteintes de sclérose en plaques participaient aux courses de l’UTHC. Je trouvais impressionnant de voir qu’il y en avait parmi elles qui couraient sur de grandes distances. Je ne m’entraînais pas autant qu’auparavant, mais ça a allumé quelque chose en moi. C’est alors que je me suis dit : « J’ai la capacité de marcher et de courir. Si je peux le faire pour une bonne cause, il faut que je le fasse. Je peux au moins essayer en me fixant un objectif réaliste. » Au début, ce n’était qu’une idée, mais lorsque j’ai vu qu’il ne restait qu’une place à l’UTHC pour la course de 5 km, je me suis dit que c’était un signe et qu’il fallait que je m’inscrive.
« Avant le diagnostic, et même quelques années après, j’hésitais beaucoup avant de prendre une décision. Je laissais trop de place à mes inquiétudes. C’est le fait de savoir que la maladie est imprévisible et qu’à tout moment, un symptôme peut survenir, qui m’a enfin poussée à passer moins de temps dans l’hésitation lorsque vient le temps de faire un choix. J’ai donc cliqué rapidement sur le bouton « S’inscrire » et j’ai rempli le formulaire d’inscription.
« Aujourd’hui, je suis vraiment fière de moi et du fait que j’ai réussi. Pendant ma préparation en vue de l’UTHC, il y a eu des jours où je ressentais une grande fatigue et des engourdissements à cause de la chaleur. Ces jours-là, je voulais abandonner. Je laissais encore une fois mes peurs prendre le dessus. Pour me remonter le moral, lorsque cela arrivait, j’allais voir la page du groupe des collecteurs et collectrices de fonds. Je voyais tout ce que les autres faisaient pour la cause et je lisais pourquoi ils participaient à la collecte de fonds. Ça me rappelait à quel point il était important de continuer ma collecte de fonds et de participer à la course.
« Je me suis entraînée au gymnase, dans les rues de Montréal et au parc du Mont-Royal. J’ai même essayé quelques sentiers en ville. Bien que je ne conduise pas, je sais maintenant que de s’entraîner en ville n’est pas suffisant pour les sentiers en pleine nature sauvage de la région de Charlevoix. Je m’étais préparée physiquement à courir, mais je ne m’étais pas préparée à la difficulté que cette course en montagne allait m’imposer. Non seulement cela ne ressemblait pas du tout aux sentiers urbains, mais la température en montagne est différente.
« Ce qui m’a soulagée, c’est que je pouvais effectuer la course à mon rythme. Je n’étais pas en compétition avec les autres participants et participantes; j’étais ma propre et unique adversaire. Heureusement, tout s’est bien passé, et j’ai réussi à terminer ma course. Ce qui m’a beaucoup aidée, surtout vers la fin, lorsque tous mes muscles me faisaient mal et que j’avais l’impression de ne plus pouvoir respirer, ce sont les cris d’encouragement. Les spectateurs et spectatrices et même les autres coureurs et coureuses m’ont soutenue. À ce moment-là, j’ai vraiment senti que je faisais partie d’une collectivité. Je me suis rappelé pourquoi j’avais décidé de participer à cet événement et pourquoi je le ferai de nouveau. Peut-être même que j’essaierai de franchir une plus grande distance que celle que j’ai parcourue cette année.
« En participant à cet événement pour mes 10 ans avec la sclérose en plaques, j’ai appris qu’il ne faut pas vivre dans la peur et l’inquiétude. J’ai appris que je pouvais faire plus que ce que je pensais. Non seulement physiquement et mentalement, mais aussi personnellement, en ce qui a trait à mon engagement envers la cause. »
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