Traverser le Canada à vélo pour lutter contre la SP
Le parcours inspirant d’un homme qui souhaite amasser 100 000 $ au profit de la collectivité de la SP
Marcel Lafontaine participe au Vélo SP depuis huit ans, et cette année, il a également décidé de relever le défi extraordinaire de pédaler d’un bout à l’autre du Canada avec pour objectif d’amasser 100 000 $ au profit des personnes de notre pays touchées par la SP.
Marcel s’est lancé sur la route le 11 mai en amorçant son périple à Victoria, en Colombie-Britannique. Il a terminé sa traversée inspirante à St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador, le 25 juillet, juste à temps pour retourner chez lui, à St. Albert, en Ontario, et se reposer un peu avant de remonter sur sa monture pour prendre part au Vélo SP – Ottawa-Cornwall.
Lors d’un entretien touchant que nous avons eu avec Marcel, ce dernier nous a parlé de la façon dont il a commencé à s’impliquer dans le cadre du Vélo SP, de ce qui l’a incité à traverser le Canada à vélo et du déroulement de sa randonnée d’un océan à l’autre!

Comment avez-vous commencé à faire du vélo?
J’ai toujours aimé le vélo! Au début de l’adolescence, je faisais souvent des sorties de plus de 50 kilomètres.
Qu’est-ce qui vous a incité à participer au Vélo SP la première fois?
En 2017, l’entreprise où travaille mon beau-frère avait formé une équipe en vue du Vélo SP – Ottawa-Cornwall, et il m’a demandé d’en faire partie. En toute honnêteté, j’y ai d’abord vu une sortie à vélo comme les autres. Je ne connaissais pas l’événement, mais j’ai vite constaté que j’avais des liens avec la collectivité de la SP par l’entremise d’amis et de proches qui vivaient avec la SP. Le Vélo SP est donc devenu une façon de soutenir ceux-ci, de même que d’autres personnes atteintes de cette maladie. L’année suivante, j’ai créé ma propre équipe, que j’ai baptisée « The Spin Cycle »!
Pouvez-vous décrire les émotions qui vous habitent quand vous participez au Vélo SP? Qu’est-ce qui rend cette expérience unique?
J’aime l’esprit de camaraderie qui règne pendant l’événement, ainsi que le sentiment de satisfaction que je ressens en faisant, aux côtés d’autres personnes, quelque chose qui a des retombées positives. Années après année, je suis impressionné par la qualité de l’organisation de l’événement et du soutien offert aux cyclistes qui y prennent part. Mon épouse, Joëlle, et moi avons fait beaucoup de bénévolat au fil des ans, et je sais à quel point les bénévoles de SP Canada et les événements comme le Vélo SP sont importants.
Qu’est-ce qui vous a motivé à traverser le pays à vélo afin d’appuyer la collectivité de la SP?
Il faut plutôt me demander « qui »! J’ai rencontré Jonathan Allenger, qui vit avec la SP et qui prend part au Vélo SP. Il a lui-même traversé le Canada à vélo en 2023, et j’ai été touché lorsqu’il m’a raconté pourquoi il en était venu à relever ce défi. Il s’était demandé ce qu’il pouvait faire de plus, et je n’ai pas pu m’empêcher de me poser la même question. L’idée de traverser le Canada à vélo faisait son chemin dans ma tête depuis un certain temps, et j’ai voulu donner un sens à cette expérience.
Comment vous êtes-vous préparé à parcourir le pays d’un océan à l’autre?
La première étape (et la plus importante) a été d’obtenir l’aval de Joëlle, parce que c’est un défi je ne pouvais ni ne voulais relever seul! Elle m’a appuyé et elle était prête à me suivre sur la route. Pas sur un vélo, mais au volant de notre VR (véhicule récréatif)!
Sur le plan physique, j’ai souvent enfourché mon vélo l’été dernier et beaucoup roulé en me connectant à Zwift (un total de 4 000 km comportant beaucoup d’ascensions) pendant l’hiver! J’ai également demandé un congé sans solde de quatre mois à mon employeur. Je prévoyais faire la traversée en beaucoup moins que quatre mois, mais comme je n’ai droit qu’à un seul congé sans solde pendant toute ma carrière, je voulais m’assurer de disposer de tout le temps nécessaire au cas où des imprévus surviendraient ou si nous décidions de prendre de véritables vacances en cours de route.
Comment avez-vous géré les repas, l’hébergement et les réparations de vélo (au besoin) en cours de route?
J’ai eu la chance d’avoir accès en tout temps au VR, notre maison sur roues, pendant le trajet. Même si nous y sommes un peu à l’étroit, il offre toutes les commodités de la maison.
Pour ce qui est des réparations de vélo, j’avais un vélo de rechange que je pouvais utiliser en cas de pépin avec mon vélo principal. J’ai pu faire faire des réparations d’urgence lors de mon passage à Canmore, en Alberta, mais j’ai dû enfourcher mon vélo de rechange sur les routes de campagne de la Saskatchewan lorsque le pneu avant de mon vélo principal s’est littéralement déchiré. J’ai pu le faire remplacer à Moose Jaw, mais l’atelier n’a pas été en mesure de faire les autres réparations dont j’avais besoin. Le vélo a tenu bon jusqu’à Regina, où un atelier local, Western Cycles (qui, par chance, est ouvert le dimanche!), a pu faire les réparations sur-le-champ et nous a même permis de passer la nuit dans le stationnement.
Comment les journées sur la route se déroulaient-elles généralement?
J’essayais d’être en selle à 8 h. Mon « équipe de soutien » (c’est-à-dire Joëlle, mon épouse) restait généralement là où nous avions passé la nuit jusqu’à ce que j’aie parcouru une dizaine de kilomètres (elle pouvait suivre ma progression grâce à l’application Strava). Elle trouvait ensuite un endroit propice de 20 à 30 kilomètres plus loin le long du parcours, et je l’y rejoignais pour prendre une pause rapide, faire quelques étirements et manger une bouchée. Nous répétions la même séquence jusqu’à notre destination finale de la journée.
Tout dépendant des conditions météorologiques, de l’état des routes et des endroits où nous pouvions garer le VR pour la nuit, je tentais de parcourir environ 120 kilomètres par jour.
Quel a été l’aspect le plus difficile de votre parcours?
L’absence d’accotements asphaltés ou les accotements en mauvais état m’ont compliqué la vie. C’est un problème qui est lourd mentalement et physiquement sur de longues distances. Je devais me battre pour rester sur la ligne blanche ou choisir de rouler sur l’accotement, qui était souvent composé de gravillons et d’une dénivellation différente de celle de la route principale.
J’ai dû relever un de mes plus grands défis sur le plan physique à proximité de Saint-Louis-du-Ha!-Ha!, au Québec. Pendant que je roulais, j’ai croisé une pancarte qui indiquait une fermeture de la piste cyclable quelques kilomètres plus loin. Comme Google Maps me proposait d’autres itinéraires, j’ai poursuivi mon chemin. Arrivé sur place, j’ai constaté que la piste cyclable était fermée, mais également la route principale. Le seul itinéraire possible comportait un détour de 14 kilomètres. Après quelques kilomètres, la route non asphaltée s’est transformée en route de gravier, puis en route non entretenue. J’ai ensuite croisé de longs tronçons recouverts de grosses roches instables, des zones érodées et de nombreuses collines que j’ai dû parcourir à pied. Il faisait chaud, le sol était boueux et les mouches à cheval étaient voraces! Ça a été sans aucun doute le pire moment de ma traversée, mais je m’en suis sorti.
Qu’est-ce qui vous a incité à garder le cap pendant les moments difficiles?
Je suis en santé, j’ai un toit sur la tête, un endroit chaud et sec où dormir et de la nourriture sur la table. Je ne tenais rien de tout cela pour acquis, alors je n’avais pas le droit de me plaindre ou d’abandonner!
J’avais également sous les yeux un rappel constant de ma détermination à me rendre jusqu’au but. Comme mon vélo est un modèle sur mesure, j’y ai fait inscrire « Coast to Coast for MS » (« D’un océan à l’autre pour la SP ») sur le tube horizontal. Chaque fois que je baissais les yeux, je me souvenais de ce que je faisais et des personnes pour lesquelles je le faisais.
Est-ce que la traversée du pays a été plus difficile ou plus facile que ce que vous aviez imaginé?
Honnêtement, j’ai été surpris de constater à quel point mon corps était résilient. Je ne prétends aucunement que c’était facile, mais je m’attendais à ce que ce soit plus difficile physiquement que ça l’a été. C’est l’aspect mental qui m’a joué des tours. J’ai dû me parler à quelques reprises, et je me suis concentré sur mon objectif et les personnes pour lesquelles je roulais. C’est un cliché de le dire, mais il ne faut pas sous-estimer la force du mental!
Quel soutien avez-vous reçu le long de votre parcours?
Nous étions toujours en contact avec les amis et la famille, et j’ai reçu beaucoup d’encouragement sur les pages Facebook et Instagram de Coast to Coast for MS. J’ai la chance d’être entouré d’une foule de personnes généreuses et bienveillantes, et je remercie chacune d’entre elles personnellement.
Joëlle tentait de donner le plus de visibilité possible au VR à chacun de nos arrêts, puisqu’il était recouvert du logo Coast to Coast for MS et de gros codes QR qui pointaient vers la page de dons. Beaucoup de gens nous ont posé des questions, ont discuté avec nous de la cause et ont spontanément fait des dons!
Quel sentiment vous habite, sachant que vous agissez concrètement pour soutenir la collectivité de la SP?
La cause des personnes atteintes de SP en est une qui me tient à cœur. Je trouve très important de faire de la sensibilisation et d’amasser des fonds pour soutenir la collectivité de la SP. En moyenne, douze Canadiens et Canadiennes reçoivent un diagnostic de SP chaque jour. J’espère que les initiatives de collecte de fonds, comme ma traversée, et d’autres événements mèneront à la découverte d’un remède contre cette maladie. C’est l’objectif ultime!
La traversée de Jonathan Allenger m’a donné envie de relever le même défi que lui, et j’espère que mon témoignage encouragera d’autres personnes à suivre nos traces.
Quel conseil donneriez-vous à une personne qui songe à entreprendre une traversée à vélo d’un océan à l’autre?
Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, il faut donc que vous vous accordiez amplement de temps pour la planification! Demandez autant de conseils que possible à des personnes qui ont déjà vécu l’expérience et assurez-vous de préparer vos jambes (et vos fesses)! Votre santé physique et mentale doit constituer votre préoccupation première tout au long du parcours, alors faites-en une priorité.
De quelle manière avez-vous souligné la fin de votre traversée?
La première chose que j’ai faite en descendant de mon vélo a été de donner une tape dans la main de Joëlle, de l’embrasser et de lui dire : « J’ai terminé! » Puis, nous sommes allés souper à St. John’s avant d’aller dormir.
En rétrospective, y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment?
Bien que cela puisse paraître un peu étrange, je pense que j’ajouterais des porte-bagages et des sacoches à mon vélo pour donner l’impression aux gens que je fais une randonnée en solo (c’est-à-dire sans prise en charge dans tout le pays). Après avoir fait connaissance et roulé avec quelques cyclistes solitaires transcanadiens que j’ai croisés en chemin, j’ai vite compris à quel point ils attiraient plus d’attention que moi chaque fois qu’ils s’arrêtaient.Je suppose que je ressemblais à un simple cycliste qui fait une petite balade! Néanmoins, le code QR ainsi que le logo apposé sur le véhicule récréatif et mon maillot ont attiré bien des gens!
Nous éprouvons une immense gratitude envers Marcel, qui a traversé le pays pour soutenir les personnes atteintes de SP! Si vous n’avez pas suivi son aventure, vous pouvez consulter les pages Facebook et Instagram qu’il avait créées pour l’occasion. Il vous est également possible de cliquer sur les liens ci-dessous pour jeter un coup d’œil à la couverture médiatique qu’il a reçue (en anglais seulement)!
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