Une nouvelle étude met en évidence l’existence d’un lien entre le risque de SP des personnes immigrantes et la proportion de leur vie passée au Canada

Résumé : Une équipe de recherche menée par la Dre Dalia Rotstein (Université de Toronto) a déjà démontré que le risque de sclérose en plaques (SP) est plus faible chez les personnes qui immigrent au Canada que chez les personnes résidentes de longue date. Dans une nouvelle étude réalisée par cette équipe de recherche, cette dernière a établi que le risque de SP auquel sont exposées les personnes immigrantes augmente avec la proportion de leur vie passée au Canada. Il importe de comprendre les facteurs de risque de SP dans le contexte canadien et d’établir de quelle façon ceux-ci accroissent le risque de cette maladie au fil du temps par leurs interactions, car cela pourrait contribuer aux efforts déployés en vue de la prévention de la SP

Contexte : Il est ressorti de travaux menés en Ontario par la Dre Dalia Rotstein (Université de Toronto) et son équipe que le Canada affiche certes l’un des taux de SP les plus élevés du monde, mais que le risque de SP est plus faible chez les personnes immigrantes que chez les personnes qui résident au Canada de longue date. Cela pourrait être attribuable aux différences qui existent entre ces populations quant aux facteurs génétiques et aux facteurs liés au mode de vie, ainsi qu’à « l’effet de la sélection d’immigrants en bonne santé » (soit au fait que les personnes en bonne santé sont plus susceptibles de partir s’installer dans un nouveau pays que les personnes malades).

Détails : L’objectif de l’étude dont il est question ici consistait à vérifier si le risque de SP auquel sont exposées les personnes immigrantes augmente avec la proportion de leur vie passée au Canada. L’équipe de recherche a utilisé pour ce faire des données administratives sur la santé et des dossiers d’immigration de l’Ontario, au Canada. Elle a ainsi analysé le risque de SP auquel étaient exposées 1,5 million de personnes qui ont immigré au Canada de 1985 à 2003. Au cours d’un suivi de plus de 13 ans, un diagnostic de SP a été posé chez 934 de ces personnes immigrantes, qui sont originaires de diverses régions du monde (Occident, Asie du Sud, Asie de l’Est, Afrique, Caraïbes, Amérique latine ou Moyen-Orient).

Résultats : Cette étude a révélé l’existence d’un lien entre l’augmentation du temps passé au Canada et l’augmentation du risque de SP chez les personnes immigrantes.

  • Les personnes immigrantes qui avaient passé une grande partie de leur vie au Canada étaient plus susceptibles que les autres d’avoir la SP. 
  • L’immigration à un jeune âge (soit à 15 ans ou moins) était associée à un risque accru de SP, puisque dans ce cas, la proportion de la vie passée au Canada était accrue. 
  • Il n’y avait pas de différence entre les deux sexes quant au risque de SP ni entre les divers groupes d’immigration auxquels appartenaient les personnes immigrantes à leur arrivée (p. ex. regroupement familial, statut de réfugiés ou immigration économique). 
  • Il convient de préciser que l’équipe de recherche n’a pas tenu compte des effets de facteurs biologiques, environnementaux ou liés au mode de vie lors de l’analyse du risque.

Il importe en outre de souligner que ces résultats indiquent seulement un lien et qu’ils ne démontrent pas à eux seuls que le fait de passer une plus grande proportion de sa vie au Canada est à l’origine de la SP. 

Retombées : Divers facteurs accroissent le risque de SP, notamment des facteurs liés au mode de vie (alimentation, tabagisme), des facteurs environnementaux (exposition au soleil, taux de vitamine D) et des facteurs biologiques (microbiote intestinal). Les résultats de l’étude dont il est ici question semblent indiquer que l’exposition à ces facteurs au fil du temps peut contribuer à accroître le risque de SP chez les personnes qui immigrent au Canada. Il est également possible que certaines personnes immigrantes soient plus vulnérables que d’autres aux facteurs de risque de SP à cause de déterminants sociaux de la santé tels que l’éducation, les revenus, l’environnement et le réseau social. Une meilleure compréhension de la façon dont ces facteurs de risque influent sur la santé de diverses populations au Canada et accroissent le risque de SP au fil du temps par leurs interactions contribuerait aux efforts déployés en vue de la prévention de cette maladie.

Référence : 

Article publié dans la revue Neurology le 24 avril 2024 – « Proportion of Life Spent in Canada and the Incidence of Multiple Sclerosis in Permanent Immigrants ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.