Le traitement précoce du syndrome radiologique isolé permet de retarder l’apparition des premiers symptômes de sclérose en plaques

Résumé : Une équipe de recherche a réalisé un essai clinique avec répartition aléatoire afin de déterminer si un traitement précoce permettrait de prévenir ou de retarder l’apparition de symptômes de la sclérose en plaques (SP) chez des personnes à risque de cette maladie en raison d’un syndrome radiologique isolé (SRI). Les scientifiques ont découvert que le risque de présenter des symptômes de SP était moindre chez les personnes qui avaient reçu du tériflunomide, soit un agent modificateur de l’évolution de la SP, par rapport à celles qui avaient pris un placebo (substance inactive). Les résultats de cet essai renforcent l’hypothèse selon laquelle il est possible de prévenir ou de retarder l’apparition de symptômes de SP suivant un SRI grâce à une intervention précoce.

Contexte : Le SRI constitue la toute première phase détectable de la SP. Il est caractérisé par la présence de lésions tissulaires au sein du système nerveux central (cerveau et moelle épinière) semblables à celles de la SP et décelées par imagerie par résonance magnétique (IRM), et ce, en l’absence de symptômes cliniques de SP. Les personnes atteintes d’un SRI ont un risque accru de présenter d’autres épisodes cliniques démyélinisants et de recevoir un diagnostic de SP.

Détails : L’équipe de recherche a mené un essai clinique multicentrique avec répartition aléatoire en vue de vérifier si la SP pouvait être prévenue ou retardée suivant un SRI grâce à l’instauration rapide d’un traitement. Au cours de cet essai ayant été réalisé dans trois pays (France, Suisse et Turquie) sur une période de 96 semaines, les scientifiques ont comparé les effets d’un traitement par le tériflunomide à ceux d’un placebo, cherchant ainsi à déterminer si le traitement par le tériflunomide permettrait de retarder l’apparition des premiers symptômes de SP ou la survenue d’un épisode neurologique tel qu’une poussée ou une progression clinique. En tout, 89 personnes ont pris part à cette étude et ont fait l’objet d’une évaluation au début de l’essai et d’un suivi sur trois ans portant sur des données cliniques et d’imagerie (IRM), de même que sur des résultats autodéclarés.

Résultats : L’équipe de recherche a constaté que la période s’étant écoulée avant l’apparition de premiers symptômes de SP ou d’un épisode neurologique avait été significativement plus longue chez les personnes qui recevaient le tériflunomide comparativement aux personnes qui prenaient un placebo. En outre, le risque de SP a été réduit de 72 p. 100 chez le groupe traité par rapport au groupe placebo.

Retombées : Ce sont maintenant les résultats de deux essais cliniques qui plaident en faveur du recours à un traitement précoce pour prévenir ou retarder l’apparition de symptômes de SP (se reporter à l’étude ARISE). De plus, un volume croissant de données probantes porte à croire que la mise en place hâtive d’un traitement permettrait de retarder l’accumulation d’incapacités à long terme et d’améliorer les résultats liés à la santé, stratégie qui pourrait également s’avérer avantageuse pour les personnes présentant un SRI. D’autres études devront toutefois être réalisées pour qu’on puisse mieux repérer les gens atteints d’un SRI ou ceux qui en sont aux premiers stades de la SP et qui pourraient bénéficier de l’instauration d’un traitement précoce.

Référence :

Article publié dans la revue JAMA Neurology le 21 août 2023 – « Teriflunomide and Time to Clinical Multiple Sclerosis in Patients With Radiologically Isolated Syndrome. The TERIS Randomized Clinical Trial ». Pour consulter cet article, veuillez cliquer ici.