Forum de l’ACTRIMS 2023 : faits marquants en lien avec la recherche

Le huitième rendez-vous annuel organisé par l’ACTRIMS (Comité des Amériques pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques) s’est tenu du 23 au 25 février 2023 à San Diego, en Californie, autour du thème « MS: Going Viral » (implication des virus dans le contexte de la SP). 

Ce fut l’un des plus importants forums présentés jusqu’à présent par l’ACTRIMS. En effet, plus de 1 800 participants et participantes se sont vu proposer, cette année, un programme qui comportait plus de 50 présentations et 460 exposés par affiches consacrés à une variété de sujets en lien avec la recherche sur la sclérose en plaques (SP). Ce forum a aussi été pour des chercheurs, chercheuses et stagiaires de recherche à l’œuvre au Canada – soit 24 % des conférenciers et conférencières – l’occasion de présenter leurs travaux d’avant-garde. Parmi ces scientifiques canadiens figurait la Dre Ruth Ann Marrie, neurologue et chercheuse de l’Université du Manitoba, qui s’est vu décerner cette année un prestigieux prix pour l’innovation dans le domaine de la recherche sur la SP, à savoir le « Barancik Prize for Innovation in MS Research ». La Dre Marrie a décrit ses travaux de recherche consacrés à la comorbidité (présence de maladies coexistantes, dites « maladies concomitantes ») dans le contexte de la SP. 

Vous trouverez ci-dessous certains des faits saillants en lien avec les travaux de recherche dont il a été question lors de ce forum. 

Prix Barancik 2023 (pour l’innovation dans le domaine de la recherche sur la SP)

Maladies concomitantes et SP 

 

La Dre Ruth Ann Marrie, de l’Université du Manitoba, lauréate du « Barancik Prize for Innovation in MS Research » pour l’année 2023, a présenté ses contributions au domaine de la recherche sur la SP (voir l’annonce publiée à ce sujet). Ses travaux de recherche sont axés sur l’amélioration de la compréhension des facteurs qui influent sur le risque de SP et les résultats cliniques chez les personnes atteintes de cette maladie – facteurs parmi lesquels figure la comorbidité (ou « maladies concomitantes »). La Dre Marrie et son équipe de recherche ont constaté qu’au Canada, l’hypertension, la dépression, la maladie pulmonaire chronique et l’anxiété sont des maladies concomitantes courantes chez les personnes qui vivent avec la SP et qu’elles sont plus fréquentes parmi ces dernières comparativement au reste de la population. La prévalence de bon nombre de ces maladies concomitantes augmente avec l’âge, et celles-ci peuvent avoir une incidence défavorable sur l’évolution de la SP. Grâce à l’approfondissement des connaissances sur la comorbidité dans le contexte de la SP, les professionnels de la santé pourraient assurer une meilleure prise en charge de la SP, ce qui se traduirait par une amélioration des résultats en matière de santé parmi les personnes atteintes de cette affection. Pour entendre la Dre Marrie parler de ses travaux de recherche, veuillez cliquer sur les liens cidessous :  

  • Épisode 287 du balado « RealTalk MS » de Jon Strum – 28 février 2023 : Meet the Winner of the 2023 Barancik Prize for Innovation in MS Research with Dr. Ruth Ann Marrie (Faites la connaissance de la Dre Ruth Ann Marrie, lauréate du prix Barancik 2023).  
  • Entrevue avec la Dre Ruth Ann Marrie diffusée dans le cadre du balado « Information Radio (CBC) », présenté par Marcy Markusa – 21 février 2023 : A University of Manitoba researcher has been honoured with a prestigious award for her research on multiple sclerosis (Une chercheuse de l’Université du Manitoba se voit décerner un prestigieux prix en lien avec ses travaux sur la sclérose en plaques). 

 

Virus et SP

Prendre pour cible le virus d’Epstein-Barr (VEB) dans le contexte de la SP 

Les auteurs d’une étude phare réalisée récemment ont publié les données probantes les plus solides qui soient sur le rôle que jouerait le virus d’Epstein-Barr (VEB) en tant que facteur déclencheur initial de la SP et sur l’implication de cet agent viral comme l’un des principaux facteurs de risque de SP. Selon les constatations de ces scientifiques, le risque de SP serait 32 fois plus élevé chez les personnes qui ont été infectées par le VEB comparativement au reste de la population (cliquer ici pour en savoir plus). Étant donné que plus de 95 % des gens sont porteurs du VEB et que seules certaines personnes finissent par recevoir un diagnostic de SP, il y a lieu de croire qu’une infection par le VEB ne peut, à elle seule, entraîner l’apparition de la SP et que d’autres facteurs (génétiques et environnementaux) entrent probablement en ligne de compte. Si elle s’avère efficace, la vaccination destinée à éliminer ou à réduire le risque d’infection par le VEB pourrait constituer une façon de prévenir l’apparition de la SP. Il a également été établi que le VEB figure parmi les facteurs de risque de certaines formes de cancer et de maladies auto-immunes, outre la SP. Le Dr Jeffrey Cohen, chercheur à l’œuvre au National Institute of Health (NIH) et conférencier au Forum de l’ACTRIMS, s’emploie à mettre au point un vaccin contre le VEB auquel il consacre actuellement un essai clinique de phase I en vue d’en évaluer l’innocuité chez des sujets adultes en bonne santé (cliquer ici pour en savoir plus). Également présent au Forum de l’ACTRIMS, le Dr Peter Calabresi, chercheur de l’Université Johns Hopkins, a fait part de diverses considérations en lien avec la mise au point d’un vaccin ciblant le VEB et souligné la nécessité d’approfondir la compréhension des mécanismes suivant lesquels ce virus contribuerait au déclenchement de la SP. Il a notamment rappelé que l’élaboration d’un vaccin destiné à éliminer les risques d’infection virale n’est pas sans risque. En effet, l’administration d’un vaccin inefficace ou partiellement efficace contre le VEB pourrait simplement retarder l’infection par ce virus, laquelle risque alors d’être contractée à un âge plus avancé par la personne vaccinée, ce qui pourrait se traduire par une infection virale plus grave et un risque accru de SP (voir le résumé pour en savoir plus). 

Apprenez-en plus sur le VEB et la SP. 

Risque de SP chez les gens porteurs du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) 

Mme Elaine Kingwell, Ph. D., chercheuse du University of College London, a rapporté les résultats d’une étude financée par SP Canada qu’elle a entreprise en vue de déterminer si le taux d’incidence de la SP est moins élevé parmi les personnes porteuses du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et celles à qui un traitement antirétroviral (TAR) a déjà été administré, comparativement au reste de la population. Mme Kingwell et son équipe de recherche ont suivi 29 149 personnes séropositives pour le VIH en Suède et au Canada sur une période moyenne de 9 ans. À l’issue de son étude, l’équipe de scientifiques a rapporté une baisse du risque de SP à la fois chez les sujets porteurs du VIH et les personnes ayant reçu un traitement de type TAR, comparativement à ce à quoi on pouvait s’attendre dans la population générale (voir le résumé pour en savoir plus). D’autres études devront être réalisées de sorte qu’on puisse approfondir cette association constatée depuis peu et déterminer l’incidence de celle-ci sur le risque de SP.

En savoir plus plus à propos de cette étude.

  

Alimentation et SP

Bienfaits des interventions axées sur l’alimentation chez les personnes atteintes de SP  

La Dre Laura Piccio, de l’Université de Washington, à St. Louis, a présenté une étude qu’elle a dirigée dans le but de cerner les effets d’une approche consistant à modifier l’alimentation des personnes atteintes de SP. Elle et son équipe de recherche ont porté leur attention aux bienfaits de la réduction intermittente de l’apport calorique (approche dite « iCR », de l’anglais intermittent calorie restriction) sur une période de 12 semaines chez des personnes atteintes d’une forme cyclique de SP. Au cours de leur étude, la Dre Piccio et son équipe ont pu constater que les personnes ayant fait l’objet d’une réduction intermittente de l’apport calorique présentaient une baisse importante des valeurs relatives au poids, à l’indice de masse corporelle (IMC), au tour de taille, à la masse grasse et au taux de leptine (hormone régulant l’appétit) ainsi qu’une amélioration des fonctions cognitives, évaluées suivant le test de substitution SMDT (Symbol Digit Modalities Test), comparativement aux personnes qui n’avaient pas réduit leur apport en calories dans le cadre de l’étude (voir le résumé pour en savoir plus). 

La Dre Ilana Katz Sand, de l’Hôpital Mount Sinai, à New York, s’est penchée sur les bienfaits d’une intervention baptisée MIND (Mediterranean-DASH Intervention for Neurodegenerative Delay) – soit une approche alimentaire d’inspiration méditerranéenne visant à retarder la neurodégénérescence et reposant sur le régime DASH (Dietary Approaches to Stopping Hypertension), lequel consiste à combattre l’hypertension artérielle par l’alimentation – chez des personnes atteintes d’une forme cyclique ou progressive de SP. La chercheuse et son équipe ont constaté qu’une plus grande observance du régime MIND était associée à de meilleurs pronostics en ce qui a trait aux scores obtenus à l’échelle d’évaluation fonctionnelle MSFC (MS Functional Composite) – soit une échelle permettant d’évaluer le degré d’incapacité – ainsi qu’aux résultats déclarés par les patients en ce qui concerne l’incapacité, les troubles de la locomotion, la fatigue, l’anxiété et la dépression

En savoir plus sur l’alimentation et la SP.

 

Inclusion, diversité, équité et accessibilité (IDEA) en lien avec la SP 

SP et populations diverses 

La prévalence de la SP varie selon les diverses régions du monde, étant plus élevée dans les pays occidentaux (de 120 à 300 cas de SP pour 100 000 habitants) comparativement aux autres pays (de 0 à 38 cas de SP pour 100 000 habitants). Le Dr Jorge Correale, de l’Institut de recherche neurologique Raul Carrea, à Buenos Aires, a parlé d’un certain nombre de facteurs qui pourraient contribuer aux différences constatées au chapitre de la prévalence de la SP, comme l’influence exercée par l’environnement (p. ex. exposition à certains virus et carences alimentaires), le bagage génétique et l’accès restreint à certaines ressources (p. ex. manque de neurologues et de spécialistes de la SP; sensibilisation insuffisante aux symptômes de SP; expertise et ressources limitées, notamment en ce qui concerne le recours à l’IRM aux fins de diagnostic).  

La Dre Lilyana Amezcua, de l’Université de la Californie du Sud, a présenté des résultats de recherche sur la prévalence de la SP au sein de diverses populations de pays occidentaux et a rapporté que les taux de prévalence de cette maladie sont similaires chez les adultes des communautés noire et blanche. Elle a également précisé que parmi les jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans, la prévalence de la SP était plus élevée chez les personnes noires et les personnes hispaniques comparativement aux autres. Selon des données issues de la recherche, la prévalence de la SP au sein des populations non blanches est sous-estimée en raison d’un certain nombre de facteurs (p. ex. sensibilisation insuffisante au risque de SP pour ces populations, et présence d’obstacles au diagnostic et à la prise en charge de la maladie en temps opportun). 

Dans le cadre d’une revue systématique, la Dre Leorah Freeman, de l’Université du Texas, a analysé 44 publications consacrées à des essais cliniques de phase III menés de 1995 à 2020 sur des médicaments modificateurs de l’évolution de la SP (MMÉSP) approuvés par la Food and Drug Administration (FDA – secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques). Il s’est avéré que, dans le cadre des essais cliniques de phase III dont il était question dans ces publications, les personnes non blanches atteintes de SP étaient largement sous-représentées compte tenu de la proportion de personnes non blanches au sein de la population générale. Parmi les facteurs faisant obstacle à la participation des personnes non blanches à des essais cliniques figurent le manque de confiance, les barrières linguistiques, le manque de sensibilisation ou de connaissances relativement à la recherche, la subjectivité du milieu de la recherche ainsi que l’emplacement des établissements où se déroulent les essais cliniques. Il importe au plus haut point de pallier ces obstacles en vue de cerner l’impact réel des traitements médicamenteux prescrits contre la SP parmi les diverses populations (voir le résumé pour en savoir plus). 


Ressources supplémentaires 

Le présent article ne traite que de quelques-unes des avancées de la recherche sur la SP dont il a été question lors du Forum de l’ACTRIMS 2023. Pour en savoir plus sur l’ensemble des sujets abordés à cette occasion, reportez-vous à la liste des résumés présentée sur le site consacré à l’événement.