Breaking barriers in MS (Lever les obstacles dans le domaine de la SP)

Travaux de recherche marquants présentés lors du Forum 2024 de l’ACTRIMS

Nous sommes ravis de vous faire part de données de recherche récentes qui ont été présentées lors du 9e Forum annuel de l’ACTRIMS (Comité des Amériques pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques). Cet événement, qui s’est tenu du 29 février au 2 mars à West Palm Beach, en Floride, par un temps radieux, a réuni des chercheuses et chercheurs, des stagiaires, ainsi que des professionnelles et professionnels de la santé, entre autres, venus discuter des progrès remarquables réalisés en matière de recherche scientifique sur la sclérose en plaques (SP) et d’autres troubles connexes et de traitement de ces maladies. 

Le Forum de cette année, organisé sur le thème Breaking barriers in MS (lever les obstacles dans le domaine de la SP), prévoyait des présentations sur les avancées au chapitre des traitement et des soins, les approches visant à favoriser la réparation et la remyélinisation, et les stratégies qui ciblent l’inflammation confinée au système nerveux central (compartmentalized inflammation), pour ne citer que celles-là!  

Voici quelques-uns des travaux de recherche marquants dont il a été question.


Kenneth P. Johnson Memorial Lecture (conférence en hommage au Dr Johnson)

Chaque année, la conférence d’ouverture du Forum de l’ACTRIMS est donnée en hommage au défunt Dr Kenneth P. Johnson, sommité internationale en matière de recherche sur la SP et de traitement de cette maladie. Cette présentation vise à souligner les connaissances, les réalisations et les contributions d’une clinicienne, d’un clinicien, d’une chercheuse ou d’un chercheur qui se spécialise dans le domaine de la SP. Cette année, c’est la Dre Anne Cross (Université de Washington à St. Louis) qui a été choisie. Elle a prononcé une conférence sur les traitements contre la SP qui ciblent les lymphocytes B. Ces dernières années, nous avons considérablement approfondi nos connaissances sur le rôle joué par les lymphocytes B dans la physiopathologie de la SP, ce qui a mené à la mise au point de traitements efficaces qui ciblent ces cellules. La Dre Cross a dirigé le premier essai de phase II sur l’utilisation du rituximab « en appoint » à un autre traitement ciblant les lymphocytes B chez les personnes atteintes d’une SP cyclique active et dont le traitement en cours par un interféron bêta ou l’acétate de glatiramère s’était révélé inefficace. La Dre Cross a précisé que le rituximab et les autres traitements ciblant les lymphocytes B sont très efficaces pour atténuer rapidement l’activité de la SP cyclique décelée à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et réduire la fréquence des poussées cliniques de cette maladie, mais qu’ils ne sont pas aussi efficaces en cas de SP progressive. Il faut donc poursuivre les travaux de recherche pour comprendre le rôle joué par lymphocytes B dans le contexte de la SP progressive.  


Prix Barancik 2024 pour l’innovation dans le domaine de la recherche sur la SP

Présenté par la National MS Society (organisme états-unien de la SP), le prix Barancik souligne les mérites de scientifiques exceptionnels qui mènent des travaux remarquablement novateurs dans le domaine de la recherche sur la SP et qui contribuent de ce fait à accélérer la mise au point de nouveaux traitements contre cette maladie. C’est Sergio Baranzini, Ph. D. (Université de la Californie à San Francisco), qui est le lauréat de ce prix cette année. Ses travaux de recherche consistent essentiellement à combiner et à analyser de vastes corpus de données afin qu’on puisse mieux comprendre les mécanismes à l’origine de la SP et établir des stratégies efficaces pour enrayer et prévenir cette maladie. 

M. Baranzini est à la tête de l’International Multiple Sclerosis Genetics Consortium (IMSGC), consortium international de recherche en génétique spécialisé dans le domaine de la SP, et il a participé à des travaux ayant permis d’identifier plus de 200 variants liés à une prédisposition à la SP. Récemment, le Dr Baranzini et son équipe ont découvert le premier variant lié à une accélération de la progression des incapacités (cliquez ici pour en savoir plus sur le sujet). Par ailleurs, M. Baranzini a entrepris l’International MS Microbiome Study (étude internationale sur le microbiote et la SP) en vue d’examiner le rôle joué par la flore bactérienne intestinale sur l’apparition et l’évolution de la SP et la réponse de celle-ci au traitement. M. Baranzini est également le fondateur de SPOKE, soit une base de connaissances qui fait le lien entre des données cliniques, moléculaires et environnementales et qui permet ainsi aux scientifiques d’étudier les interactions entre ces facteurs. La base SPOKE sert notamment à analyser les données obtenues sur la santé des patients dans un contexte de pratique réel pour prédire avec précision l’évolution de la SP pendant une période maximale de trois ans après l’établissement du diagnostic. Cette base permettrait de repérer les personnes qui en sont à la phase prodromique de la SP et donc de les surveiller ou de les traiter avant l’apparition des premiers symptômes cliniques. 


Amélioration des traitements et des soins

Le Dr Dimitrios Karussis (Université Hadassah) a présenté les premiers résultats d’un essai en cours, dans le cadre duquel des cellules souches sont administrées à 23 personnes atteintes de SP progressive. Avec son équipe, il a démontré que des injections répétées (au moins deux) de cellules souches mésenchymateuses étaient sans danger chez les personnes atteintes de SP progressive, qu’elles avaient des effets bénéfiques sur les fonctions cognitives et la qualité de vie, et surtout qu’elles entraînaient une baisse significative du taux de biomarqueurs de la neuro-inflammation et de la neurodégénérescence (soit la protéine GFAP [pour glial fibrillary acidic protein; protéine acide fibrillaire gliale] et la protéine NfL sérique [pour neurofilament light chain; chaîne légère des neurofilaments]). Cette analyse préliminaire des données semble prometteuse; nous attendons donc avec impatience les résultats définitifs de l’étude.

La Dre Marisa McGinley (Cleveland Clinic) a décrit quant à elle les avantages de la téléneurologie – branche de la télémédecine qui permet de recevoir des soins neurologiques à distance à l’aide d’outils technologiques –, qui peut être une solution pour améliorer l’accès aux soins pour les personnes atteintes de SP. Elle a présenté à titre d’exemple les résultats du National Teleneurology Program (programme national de téléneurologie) dont les participants (environ 50 % d’entre eux vivaient en région rurale) ont pu prendre rendez-vous pour une évaluation et effectuer celle-ci plus rapidement que s’il leur avait fallu rencontrer le médecin en personne et ont été très satisfaits de leur expérience. Il faudra poursuivre les travaux de recherche dans le domaine afin de comprendre comment intégrer la téléneurologie à la prise en charge standard de la SP, d’évaluer ses effets sur la santé des patients et patientes et d’éliminer d’éventuels obstacles à la prestation de ce type de soins (p. ex. accès limité à Internet ou à des outils technologiques, bande passante limitée, méconnaissance des outils et des plateformes technologiques). 


Favoriser la réparation et la remyélinisation 

La Dre Larissa Jank (Université Johns Hopkins) a exposé les données recueillies sur un nouvel agent qui aide à réparer la myéline dans le contexte de la SP. ILA (indole-3-lactate) est une molécule produite principalement par des bactéries intestinales, que l’on retrouve aussi dans les aliments fermentés. L’équipe de recherche de la Dre Jank a démontré que les personnes atteintes de SP progressive ont un faible taux d’ILA et qu’une supplémentation orale en ILA avait réduit la neuro-inflammation, d’une part, et favorisé la remyélinisation, d’autre part, chez un modèle murin (souris) de la SP. Reste à poursuivre les travaux de recherche en la matière afin que puissent être évaluées l’efficacité et l’innocuité de la supplémentation en ILA pour le traitement de la SP. 

Brad Lang, Ph. D. (Convelo Therapeutics), a présenté de nouveaux candidats-médicaments destinés à améliorer la remyélinisation chez les personnes atteintes de SP. Ces candidats-médicaments ont été conçus pour cibler des protéines qui interviennent dans la biosynthèse du cholestérol. Il s’agit du CVL1001 (inhibiteur de la protéine EBP) et du CVL2002 (inhibiteurs de l’enzyme CYP51). Une accélération de la remyélinisation des neurones a été observée chez des modèles murins (souris) de la SP qui ont reçu un traitement par le CVL1001 ou le CVL2002. Certes, ces candidats-médicaments n’en sont qu’à la phase des études précliniques pour l’instant, mais ils sont associés à des résultats prometteurs en matière de réparation de la myéline dans le contexte de la SP. Quoi qu’il en soit, il faudra mener d’autres études de recherche pour évaluer leur efficacité réelle et leur innocuité chez les personnes atteintes de cette maladie. 

Krystyn Van Vliet, Ph. D. (Université Cornell), a fait état pour sa part de travaux à la fine pointe de la recherche, qui consistent à créer des « axones artificiels » dotés des mêmes caractéristiques que les fibres nerveuses du cerveau et de la moelle épinière. Ces axones artificiels feront peut-être un jour partie d’une nouvelle méthode d’évaluation rapide des candidats-médicaments susceptibles de favoriser la réparation et la remyélinisation chez les personnes atteintes de SP.


Cibler l’inflammation confinée au SNC (compartmentalized inflammation)

On parle d’inflammation confinée au système nerveux central (SNC, formé par le cerveau et la moelle épinière) lorsque des cellules immunitaires restent piégées dans le SNC. On pense que ce type d’inflammation joue un rôle crucial dans les processus qui aboutissent à la progression de la SP, mais il est difficile de la cibler avec les médicaments modificateurs de l’évolution de cette maladie dont on dispose actuellement. 

Jo Anne Stratton, Ph. D. (Université McGill) a expliqué comment l’inflammation confinée au SNC peut endommager les épendymocytes (cellules spécialisées du cerveau) et faciliter ainsi la pénétration dans le SNC de substances toxiques capables de léser les tissus nerveux, ce qui aboutit à la progression de la maladie. Mme Stratton et son équipe ont étudié de manière approfondie les mécanismes et les facteurs qui endommagent les épendymocytes dans le but de mettre au point des traitements qui ralentiront la progression de la SP. Cliquez ici pour vous renseigner sur cette étude financée par SP Canada.

Dimitrios Davalos, Ph. D. (Cleveland Clinic), a décrit pour sa part une molécule appelée endothéline-1, que l’on retrouve dans la microglie, en indiquant comment elle contribue à la création de brèches dans la barrière hémato-encéphalique en cas de SP. La barrière hémato-encéphalique est une membrane protectrice qui régule le passage des substances du sang au cerveau et vice versa. M. Davalos et son équipe croient que la production d’endothéline-1 par les cellules de la microglie est un signal pour attirer des cellules immunitaires et des facteurs pro-inflammatoires jusqu’à la barrière hémato-encéphalique et permettre à ces éléments néfastes de s’infiltrer dans le SNC. C’est donc dire que l’endothéline-1 pourrait être une nouvelle cible thérapeutique prometteuse pour prévenir l’inflammation confinée au SNC chez les personnes atteintes de SP.

Maria Lehtinen, Ph. D. (Hôpital pour enfants de Boston, Harvard Medical School [faculté de médecine de l’Université Harvard]), a présenté des stratégies d’avant-garde pour observer en temps réel l’activité des cellules du cerveau afin de déterminer les facteurs qui peuvent contribuer à l’inflammation dans le SNC. L’utilisation de telles stratégies chez des modèles animaux de la SP sera un atout pour l’approfondissement des connaissances sur l’inflammation confinée au SNC et les mécanismes pathologiques qui sous-tendent la SP. 


Ressources additionnelles 

Ce résumé ne fournit qu’un aperçu des dernières découvertes dans le domaine de la recherche sur la SP qui ont été présentées lors du Forum 2024 de l’ACTRIMS. Pour obtenir un complément d’information sur ce Forum, veuillez consulter la liste des résumés (en anglais)

Si vous souhaitez en apprendre plus sur les retombées potentielles de ces avancées pour les personnes qui vivent avec la SP, vous pouvez visionner la toute première série de webinaires à être tenue après le Forum de l’ACTRIMS, laquelle s’intitule « Breaking Communication Barriers Between MS Clinicians & Researchers and People Living with MS » (lever les obstacles communicationnels entre les cliniciennes, cliniciens, chercheuses et chercheurs spécialisés en SP et les personnes atteintes de cette maladie). Ces webinaires sont offerts en anglais seulement.