Aux frontières de la recherche sur la SP : points saillants du congrès 2024 de l’ECTRIMS
En septembre dernier, l’ECTRIMS (European Committee for Treatment and Research in Multiple Sclerosis – comité européen pour le traitement et la recherche dans le domaine de la sclérose en plaques) a souligné au Danemark le 40e anniversaire de son congrès annuel, dans le cadre duquel des scientifiques, des stagiaires de recherche et des professionnels et professionnelles de la santé se réunissent chaque année pour échanger de l’information sur les découvertes et les avancées réalisées dans le domaine de la SP, de même que sur les pratiques cliniques axées sur cette maladie. Ayant compté plus de 8 500 participantes et participants venus de 103 pays différents, le congrès de 2024 fut l’un des plus importants présentés à ce jour par l’ECTRIMS!
Le thème de la réunion de cette année, « Dedicated to the dedicated » (honneur à l’engagement), mettait l’accent sur les efforts collectifs et la détermination indéfectible de la collectivité de la SP au chapitre de l’avancement de la recherche et de l’amélioration de la qualité de vie des personnes touchées par la sclérose en plaques. Au programme de l’événement figuraient des sujets de recherche pointus tels que les avancées réalisées en lien avec le diagnostic de la SP, les traitements émergents ciblant la SP et les perspectives actuelles sur le vieillissement dans le contexte de cette maladie. Nous sommes donc ravis de vous faire part, ci-après, des travaux de recherche marquants dont il a été question!
Avancées au chapitre du diagnostic de la SP
SP et maladies connexes
C’est la Dre Jacqueline Palace (Université d’Oxford, R.-U.) qui a lancé le congrès en faisant une présentation consacrée aux progrès réalisés au chapitre des critères et des tests diagnostiques applicables à la SP et à diverses maladies connexes, comme le trouble du spectre de la neuromyélite optique (TSNMO) et la maladie associée aux anticorps (Ac) anti-glycoprotéine myélinique oligodendrocytaire (maladie associée aux Ac anti-MOG). La Dre Palace a également souligné les différences fondamentales qui existent entre la SP, le TSNMO et la maladie associée aux Ac anti-MOG en ce qui concerne la prévalence, les caractéristiques cliniques et les cibles thérapeutiques – montrant ainsi que ces trois affections sont des maladies distinctes qu’il convient de prendre en charge différemment. La poursuite des avancées dans le domaine de la recherche permettra d’accroître l’efficacité du processus diagnostique différentiel et de garantir ainsi l’amorce précoce du traitement de la SP et des maladies connexes. Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez visionner la présentation de la Dre Jacqueline Palace.
À propos des critères diagnostiques de la SP
Le Dr Xavier Montalban (Centre hospitalier universitaire Vall d’Hebron, Espagne) a fait le point sur l’actualisation des critères diagnostiques de McDonald, applicables à la SP. La révision de ces critères a été effectuée dans le cadre d’une initiative globale qui s’est déroulée sur plusieurs étapes sous la supervision de l’International Advisory Committee on Clinical Trials in MS (comité consultatif international sur les essais cliniques sur la SP). Ont participé à celle-ci, durant deux ans, plus de 55 spécialistes internationaux ainsi que des personnes atteintes de SP. Le Dr Montalban a expliqué que les changements proposés permettront d’accélérer le diagnostic de SP et d’accroître la précision de celui-ci, ce qui devrait favoriser l’accès en temps opportun aux traitements proposés contre cette maladie. Davantage d’information sera publiée sous peu relativement aux nouveaux critères diagnostiques, de même qu’un plan stratégique visant à former les utilisateurs et utilisatrices des critères de McDonald, à mobiliser la collectivité de la SP et à sensibiliser les gens au sujet de ces critères, ainsi qu’à affiner ces derniers au besoin. Vous trouverez un complément d’information sur les critères diagnostiques de McDonald en cliquant ici.
Avancées au chapitre du traitement de la SP progressive
Progrès réalisés relativement à la tyrosine kinase de Bruton (BTK)
La Dre Jiwon Oh (Hôpital St. Michael’s, Canada) et le Dr Robert Fox (Clinique de Cleveland, É.-U.) ont abordé les résultats d’essais cliniques de phase III portant sur le tolébrutinib, inhibiteur de la tyrosine kinase de Bruton (ou BTK). Le tolébrutinib se lie à la BTK, ce qui réduit l’activation des lymphocytes B qui contribuent à l’inflammation observée dans le cerveau et la moelle épinière en cas de SP. Certains inhibiteurs de la BTK peuvent aussi pénétrer dans le cerveau et prévenir l’activité d’une population de cellules immunitaires particulières, à savoir les cellules de la microglie – activité qui est associée à la progression de la SP.
Les essais GEMINI ont permis de constater que, bien qu’il ne se soit pas révélé plus efficace que le tériflunomide à réduire la fréquence des poussées de SP chez les gens atteints de la forme cyclique de cette maladie, le tolébrutinib a permis de retarder la progression de l’incapacité. Dans le cadre d’une autre étude, baptisée HERCULES, le tolébrutinib a eu pour effet de ralentir l’aggravation de l’incapacité chez les personnes atteintes de SP progressive secondaire sans poussées, comparativement aux sujets ayant reçu un placebo. Ces résultats préliminaires sont encourageants dans la mesure où il existe peu d’options thérapeutiques ciblant la forme progressive secondaire de la SP. Les données issues de ces études de phase III sont en cours d’analyse, mais elles permettent d’espérer la mise au point de traitements capables de contrer la SP progressive. Pour en apprendre plus sur les résultats de la recherche consacrée au tolébrutinib, veuillez cliquer ici.
Résultats d’un essai sur la simvastatine
Le Dr Jeremy Chataway (Collège universitaire de Londres, R.-U.) a présenté les résultats de l’étude MS STAT2, vaste essai clinique de phase III devant permettre d’établir si le recours à la simvastatine – à savoir un hypocholestérolémiant (médicament qui abaisse le taux de cholestérol dans le sang) – constitue un traitement efficace contre la SP progressive secondaire sans poussées. Cette étude a été mise sur pied sur la base des résultats prometteurs d’un essai de phase II, au cours duquel il a été constaté que la simvastatine permettait de réduire l’atrophie cérébrale (diminution du volume du cerveau) dans le contexte de la SP progressive secondaire. Malheureusement, les résultats de l’étude de phase III ont démontré que la simvastatine ne permet pas de ralentir la progression de l’incapacité en cas de SP progressive secondaire sans poussées. Vous pouvez en savoir plus sur la présentation du Dr Chataway en cliquant ici.
Nouvelles cibles à exploiter au chapitre de la neuroprotection
Le Dr Francisco Quintana (Brigham and Women’s Hospital, É.-U.) a parlé d’un candidat-composé prometteur qui pourrait inhiber les interactions entre la microglie et les astrocytes – cellules qui stimulent l’inflammation néfaste dans le cerveau en cas de SP ainsi que la neurodégénérescence. L’équipe de ce chercheur s’emploie actuellement à mettre au point le composé en question ainsi que d’autres et à tester ceux-ci chez des modèles murins (souris) précliniques de SP progressive, en collaboration avec le Dr Alexandre Prat (Centre de recherche du CHUM, Canada). Les travaux réalisés par ces scientifiques, que nous subventionnons par l’entremise de l’Alliance internationale pour la recherche sur la SP progressive, pourraient contribuer à l’accélération de la mise au point de nouveaux traitements efficaces contre la SP progressive. Apprenez-en davantage sur ces travaux de recherche en cliquant ici.
Prévention de la SP
Étude des facteurs de risque de la SP
Mme Ingrid Kockum, Ph. D., (Institut Karolinska, Suède) a abordé les facteurs liés au mode de vie qui sont associés à la SP, tels un faible taux de vitamine D, l’obésité, un faible niveau d’activité physique, le tabagisme, l’exposition à des polluants présents dans l’environnement et les infections virales. Elle a précisé que la durée et l’intensité de l’exposition à ces facteurs, tout particulièrement à un jeune âge, influent grandement sur le risque d’avoir un jour la SP. D’autres études devront être réalisées de sorte qu’on puisse déterminer la façon dont tous ces facteurs influent sur le risque de SP en vue d’élaborer des stratégies d’intervention précoce ciblées, destinées à prévenir cette maladie.
Supplémentation en vitamine D aux premiers stades de la SP
Le Dr Eric Thouvenot (Centre hospitalier universitaire de Nîmes, France) a présenté les résultats d’un essai de phase III baptisé « D-Lay-MS », selon lesquels une forte supplémentation en vitamine D (dose de 100 000 UI prise toutes les deux semaines pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans) pouvait retarder de façon significative l’apparition de la SP chez des personnes ayant présenté un syndrome clinique isolé. Une diminution de l’activité de la maladie et du nombre de lésions a également été constatée chez les personnes traitées par rapport aux sujets ayant reçu un placebo (aucune dose de vitamine D). Bien que les résultats de l’essai en question et d’autres travaux de recherche soient contradictoires, ils nous permettent d’en apprendre beaucoup sur la façon dont la vitamine D pourrait influer sur le cours de la SP. D’autres travaux de recherche devront toutefois être réalisés de sorte qu’on puisse déterminer le dosage et le schéma d’administration à privilégier quant à la supplémentation en vitamine D en cas de SP. Pour en savoir plus sur la vitamine D et la SP, veuillez cliquer ici.
Vieillissement et SP
Le congrès de l’ECTRIMS comportait aussi une séance consacrée au vieillissement dans le contexte de la SP, durant laquelle a été soulignée la nécessité de cerner les meilleures façons de soutenir la population vieillissante aux prises avec la SP. En effet, on constate un nombre accru de personnes vieillissantes (âgées de plus de 50 ans) atteintes de SP, alors que les études portant sur ce segment de la population demeurent limitées.
La Dre Kristen Krysko (Hôpital St. Michael’s, Canada) a présenté différentes façons de comprendre et d’évaluer le vieillissement à l’aide de biomarqueurs précis interreliés – âge chronologique (basé sur la date de naissance), âge biologique (évalué selon l’état des cellules de l’organisme), et âge de procréation. Certaines données probantes indiquent que la SP pourrait contribuer à l’accélération du processus du vieillissement et que l’adoption d’un mode de vie sain et le maintien d’un cerveau en bonne santé permettraient de contrer les effets négatifs du vieillissement.
La Dre Elisabeth Maillart (Hôpital universitaire Pitié-Salpêtrière, France) a parlé de l’impact du vieillissement sur le cours de la SP. Bien qu’elles subissent moins de poussées au fur et à mesure qu’elles avancent en âge, les personnes atteintes de SP présentent un risque accru de récupération incomplète suivant une poussée et de progression accélérée de l’incapacité. Avec l’âge, on constate aussi, dans un plus grand nombre de cas, la présence d’autres troubles de la santé (on parle alors de comorbidité) tels que l’hypertension, l’hyperlipidémie (concentration élevée de cholestérol et d’autres gras dans le sang), la dépression et l’anxiété – soit des troubles pouvant accroître la probabilité de voir s’aggraver l’incapacité chez les personnes vivant avec la SP. Pour qu’on puisse mieux comprendre et traiter la SP chez les gens qui avancent en âge, il importe de mener des études en contexte réel auprès de personnes vieillissantes atteintes de SP.
Ressources supplémentaires
Le présent résumé ne fournit qu’un aperçu des dernières découvertes réalisées dans le domaine de la recherche sur la SP qui ont été présentées lors du congrès 2024 de l’ECTRIMS. Pour obtenir plus d’information, vous pouvez consulter les résumés de travaux de recherche soumis dans le cadre de ce congrès en consultant la revue Multiple Sclerosis Journal.
Pour en savoir plus sur l’ECTRIMS, il est possible de visionner une vidéo consacrée à cet organisme.
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